Un représentant du personnel en carton (qu’on appellera RPEC dans la suite de l’article) ressemble comme un jumeau à un autre représentant du personnel et il faut avoir l’œil bien aiguisé pour les distinguer l’un de l’autre. Nous vous donnons quelques clés pour le reconnaître :

Lors des réunions des instances, le RPEC est souvent assis à côté de la direction.
Le RPEC ne pose jamais de question.
Pendant les réunions, le RPEC est souvent devant son ordinateur portable, il répond à ses mails et vaque à ses occupations quotidiennes, comme s’il avait déplacé son bureau dans la salle de réunion.
On n’entend le son de la voix du RPEC que lorsqu’il vient à la rescousse de la direction quand les véritables représentants du personnel, en chair et en os, posent des questions.
Le RPEC a souvent un supérieur hiérarchique membre de la direction.
Le RPEC est très apprécié des DRH et de la direction en général. C'est leur précieux allié face aux véritables représentants du personnel.
Le RPEC n’aime qu’une seule chose dans les instances : les œuvres sociales. Celles-ci lui permettent de faire sa campagne électorale en faisant croire aux salariés que c’est grâce à lui et à ses actions qu’il y a des chèques-cadeaux et œuvres sociales qui sont distribués.

La liste n’est pas exhaustive, loin de là. Mais la principale caractéristique d’un RPEC est de nuire au bon fonctionnement des instances représentatives du personnel. Car les véritables représentants du personnel, qui exercent leurs mandats avec des convictions inébranlables, doivent non seulement combattre des directions attachées à grignoter les droits sociaux, mais aussi l’image négative des élus qui est véhiculée par les RPEC. Non content de ne pas assumer ses prérogatives - dont parfois il n'a aucune idée - le RPEC met un point d'honneur à casser du sucre sur le dos des représentants du personnel en chair et en os auprès des salariés, en les faisant passer pour des méchants qui règleraient des comptes avec la direction... Le pire, c'est que ça marche parfois !

Si nous avons fait ce portrait à peine caricatural du RPEC, c’est pour vous inciter à être durs avec vos représentants du personnel. Oui, vous avez bien lu : être durs. Le jour où vous avez voté pour eux, vous leur avez donné mandat pour défendre vos droits et vos intérêts. Pas ceux de la direction qui vous considère comme une variable ajustable.

Ecoutez ce qu’en dit Didier Bille, ancien DRH « repenti », auteur de DRH, La machine à broyer (à partir de 21 minutes environ dans la vidéo ci-dessous) : « Ce que j’ai fait, je n'aurais pas pu le faire si la loi ne l'autorisait pas, si les risques et les punitions n'étaient pas minimes, si les salariés ne se laissaient pas faire […]. Alors qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut se mobiliser avec ses copains, être un peu plus solidaires. Et puis surtout, dans les entreprises, n’oublions pas qu’il y a des délégués du personnel, il y a des représentants syndicaux, il y a des délégués syndicaux. Ces gens-là n’ont de pouvoir que s’ils sont soutenus. Il faut les soutenir. Il faut les soutenir et être très durs avec eux. Ne pas les autoriser à se faire rouler dans la farine et dans la panade lors des comités d’entreprise. Ne pas autoriser la direction à répondre à côté des questions quand ils posent des questions en comité d’entreprise. Et lorsqu’ils décident de se mobiliser, il faut les aider. Eux sont un réel contrepouvoir, légitime en entreprise. Mais ils n’ont de poids que si on leur donne. »

Alors à qui voulez-vous donner votre pouvoir ? Souhaitez-vous servir de soutien à un RPEC, comme le carton qu'il a dans le dos et qui le maintient debout ? Ou souhaitez-vous être représenté par un élu en chair et en os qui agit concrètement pour défendre vos droits et vos intérêts ?

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Qu’est-ce qu’un représentant du personnel en carton ?

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