Compte-rendu de la réunion du 20 octobre 2022
Comme vous le savez, nous étions réunis le vendredi 20 octobre au Plessis-Robinson à l’initiative de la direction suite aux mouvements de grève de ces derniers jours chez Tokheim Services France.
Étaient présents :
- la direction représentée par le directeur général, le directeur financier et le directeur des ressources humaines ;
- Force ouvrière et la CFE-CGC représentées par leurs délégués syndicaux centraux respectifs et quatre délégués ;
- La CGT représentée par Bastien Marianelli, secrétaire général de la CGT Tokheim (en l’absence de la déléguée syndicale centrale), François Gonidec, membre du CSE Ouest-Sud et représentant syndical au CSEC, et Emanuele Traversa, membre du CSE Grand Paris.
Déroulement de la réunion du matin et premières propositions de la direction
Marc Guéant, le directeur général, prend la parole durant 45 minutes pour nous expliquer la nécessité de prendre rapidement le virage de la transition énergétique et les dangers de la grève, qu’il « respecte et comprend ». Il rappelle qu’être leader avec 100% du marché, cela prend du temps et nous annonce que l’on perd 107 stations Total dès lundi 24 octobre sur les départements du 93, 94, 95. Puis il ajoute que si « on » (nous, donc) prend un pays en otage, il est prêt à dénoncer des contrats, ce qui engendrerait la perte des agences de Nantes, Saint-Brieuc et Bordeaux.
Connaissant les revendications portées par les différentes organisations syndicales, la direction énumère ses propositions issues d’une réflexion approfondie :
- Les frais de grands déplacements : une augmentation de 1€ hors Ile-de-France et de 2€ en Ile-de-France.
- Très attachés à la situation des sédentaires pour qui « on (eux, donc) ne fait jamais rien », pour reprendre les termes de la direction : intégration des 1,15€/jour de prime de transport.
- Le versement en novembre 2022 d’une prime de pouvoir d’achat dite « Prime Macron » ou encore PEPA, que la direction juge très bien car elle est exonérée de « charges » pour l’entreprise comme pour les salariés, répartie comme telle : 350€ pour les salaires en-dessous de trois fois le SMIC et 600€ pour les salaires inférieurs à 2000€ brut.
- Pour être complet et dans grand élan de générosité, le DRH propose d’avancer les prochaines négociations annuelles obligatoires sur les salaires au mois de mars pour faire bénéficier les salariés d’une rétroactivité plus avantageuse.
Les réactions des organisations syndicales
Notre délégation n’est pas surprise de ces propositions et les avait même anticipées. Nous argumentons donc sur les possibilités économiques qu’a l’entreprise de largement pouvoir assumer les revendications que nous portons, rapport d’expertise sur la situation économique et financière à l’appui. Les réponses de Marc Guéant nous choquent par le manque de respect et de compassion envers le personnel de l’entreprise :
« Ceux qui ne sont pas satisfaits n’ont qu’à aller chercher du travail ailleurs ».
« Vous n’avez qu’à monter votre entreprise ».
« Prenez des cours d’économie ».
Nous vous laissons apprécier…
Nous campons sur nos positions parfaitement légitimes.
Pour FO, il s’agit uniquement d’un one-shot et les salariés veulent de l’augmentation. Ils pensent que les salariés ne verront pas d’un bon œil une simple prime en comparaison d’une augmentation. Le DSC FO évoque l’utilisation d’un referendum pour consulter les salariés. Il indique : « On ne prendra pas les salariés en otage sur nos propositions ». Comprendra qui voudra...
C’est donc le statu quo en fin de matinée, et nous nous attendons à ce que la direction clôture la réunion sur un constat d’échec, mais elle nous convie à continuer après le déjeuner. Manœuvre purement stratégique et à la fois inutile et ridicule.
Réunion de l’après-midi
Ainsi, comme pressenti, la direction revient l’après-midi avec une nouvelle proposition :
- 1% d’augmentation générale, qui représente d’après le DRH 550K€ de plus sur la masse salariale.
- 2 jours de télétravail pour ceux qui sont susceptibles d’en faire car « c’est bien pour nous et c’est bien pour eux ».
- L’intégration de la prime de transport car « on est très attaché à la situation des salariés sédentaires ».
Nous demandons pour quelle raison ne pas aller plus haut sur l’augmentation. Le directeur financier nous répond que « sur un plan comptable on ne peut rien faire » ou encore que l’argent en trésorerie chez Tokheim Services France « ce n’est pas de l’argent » et que « la trésorerie c’est parce qu’on facture nos clients à l’avance ».
Le directeur général et le DRH expliquent qu’il y a un bel accord d’intéressement en cours de négociation (nous vous en parlerons très prochainement) et que c’est une bonne façon de renvoyer du « pouvoir d’achat » aux salariés. Une prime d’intéressement, c’est comme si on vous donnait un bonbon, alors que vous réclamez la possibilité de manger des repas complets chaque jour avec le fruit de votre travail… Nous sommes à la rigueur d’accord pour manger un bonbon, mais en complément de nos repas, pas en remplacement !
Le paiement des jours de grève est abordé par le DSC FO qui obtient comme réponse de Marc Guéant qu’il respecte la grève mais qu’il ne paiera jamais un jour de grève. En revanche il est ennuyé par le fait que des salariés aient une fiche de paie vide à la fin du mois et propose qu’ils puissent revendre des RTT ou poser des CP pour compenser la perte...
Plus un pas ne sera fait par la direction de cette « négociation » (qui est tout sauf une négociation), le DRH précise juste que l’organisation syndicale FO pourra signer le procès-verbal de désaccord des NAO en cours pour par la suite passer un accord pour les modalités proposées ce jour. Nous n’en saurons pas plus pour notre part. Mais parions que la suite est déjà dans les tuyaux pour les autres protagonistes de cette réunion.
Ce qu’il faut savoir…
… C’est que la direction de l’entreprise a parfaitement les moyens de revaloriser les salaires.
En effet, entre 2021 et 2022 :
- Le chiffre d’affaires a augmenté a augmenté de 6,4%.
- La valeur ajoutée a augmenté de 6,9%.
- Les fonds propres ont augmenté de 63,1%.
- Le ratio de masse salariale/chiffre d’affaires est de 30,7%, ce qui signifie que pour un chiffre d’affaires de 100€, l’entreprise a des frais de personnel de 30,70€. Ce ratio varie d’un secteur à l’autre et on considère que la situation d’une entreprise telle que la nôtre est plus que saine quand ce ratio se situe entre 30% et 50%. Pour une société de services purs, ce ratio peut même aller jusqu’à 80% car les services requièrent beaucoup de personnel.
- Notre revendication principale, qui est une augmentation de 8,2% des salaires, répartie équitablement, ferait passer le ratio de masse salariale/chiffre d’affaires à 33,2%. Donc non, la boîte ne va pas couler si nos salaires sont revalorisés !
- La proposition de la direction, qui est de donner une augmentation générale de 1% favorisera encore les gros salaires. Par exemple, un technicien qui gagne 30000€ annuels ne touchera que 300€ d’augmentation sur l’année, alors qu’un cadre dirigeant qui gagne (hors bonus) 150000€ recevra 1500€ annuels de plus. En d’autres termes, on donne moins à ceux qui ont le plus besoin d’argent… Au passage signalons que les bonus des 10 plus gros salaires de l’entreprise ont augmenté de plus de 40% sur l’année passée…
Avec la revendication que nous portons, tout le monde toucherait la même somme en valeur absolue. Notre technicien à 30000€ et notre cadre dirigeant à 150000€ annuels auraient ainsi une augmentation annuelle de 3000€ tous deux. En pourcentage, cela représentera 10% pour le technicien et 2% pour le cadre dirigeant, ce qui nous paraît non seulement une façon plus équitable de redistribuer les richesses, mais aussi de résorber les inégalités.
Maintenant c’est à vous de décider
Nous avons préparé un court questionnaire pour recueillir vos avis, à tous, et organiser la suite du mouvement. A la CGT, nous n’avons JAMAIS été « d’accord avec la direction sur le fait d’avoir des salaires minables et de ne récupérer que des miettes lorsqu'il y a de la participation et de l’intéressement » et nous nous réjouissons que d’autres ne le soient PLUS.