« [Un] vieux monsieur, dans le train entre Vannes et Angers, ouvrait la fenêtre toutes les dix minutes pour jeter un peu d’une poudre mystérieuse qu’il tirait d’une manière de tabatière d’ivoire. "Qu’est-ce que c’est que cette poudre ?" finit par s’enquérir un voyageur intrigué par ce manège. "C’est une poudre anti-éléphants de mon invention", répond le vieil homme. "Mais, voyons, il n’y a pas d’éléphants entre Vannes et Angers !". "Eh, pardi, rétorque le vieillard, c’est que ma poudre est efficace !" ».

Cette anecdote est tirée du livre Faites vous-même votre malheur de Paul Watzlawick, un psychologue et sociologue américain internationalement connu pour ses apports à la théorie de la communication, entre autres. Nous vous encourageons à lire ce livre plein d’humour et nous pouvons vous le fournir au format électronique sur demande (via le bouton Contactez l’auteur du blog dans le menu de gauche).

Alors pourquoi cette anecdote ? Nous y venons.

Dans notre entreprise, nous avons un marronnier. Chaque année en période de NAO (négociation annuelle obligatoire imposée par le Code du travail et portant sur certains thèmes dont, notamment, les rémunérations et l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes), notre directeur général nous dit que s’il nous accorde des augmentations de salaires dignes de ce nom et/ou une revalorisation des rémunérations, cela induira forcément un plan social mettant sur le carreau des centaines de salariés. L’année dernière, il avait mis 200 licenciements dans la balance ! Il use de la même tactique lors des réunions d’information réunissant les salariés : il met en avant le fait qu’il n’a pas licencié depuis la reprise de l’activité de service par les directeurs. En effet, il n’a pas licencié. Et pour cause !

Comme nous le savons tous, nous sommes en sous-effectifs dans la plupart des services, et surtout au niveau des techniciens. Le rapport d’expertise du CHSCT de février 2019 a bien mis en évidence une surcharge de travail chronique due aux sous-effectifs, tout comme une politique salariale décourageante (faiblesse des salaires et inégalités salariales). Si nous regardons les effectifs sur les trois dernières années, nous constatons une diminution dans toutes les catégories, alors que nous nous lançons dans de nouvelles activités, le Lavage en partenariat avec Kärcher depuis début 2018 notamment. Les effectifs ont évolué de la façon suivante :

• Entre décembre 2015 et mars 2019 : diminution de 7,9%. Fin 2015, la proportion de CDD et intérimaires était de 13%.
• Entre décembre 2016 et mars 2019 : diminution de 1%. Fin 2016, la proportion de CDD et intérimaires était de 11,4%.
• Entre décembre 2017 et mars 2019 : augmentation de 4%. Fin mars 2019, la proportion de CDD et intérimaires est estimée à 11%. 

Cette augmentation sur les 15 derniers mois reste toujours insuffisante au regard de la surcharge de travail et de la diversification des activités avec la création de nouveaux pôles de développement. De plus, le recours aux CDD et à l'intérim reste à peu près constant sur la période considérée.

Alors ne nous laissons plus enfumer et ne cédons plus aux menaces. Il n’y a pas d’éléphants chez nous, donc pas besoin de poudre anti-éléphants comme un gel des salaires ou des augmentations minimes. Bien que lors de la NAO de 2018, les autres organisations syndicales aient accepté une enveloppe de 1,8% non négociable et signé l’accord, nous nous battrons pour des augmentations décentes et une répartition des richesses du travail plus égalitaire et équitable. Avec votre soutien.

Cette année, la NAO démarre en juin. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés.

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